PREFACE

PREFACE

 L’ACADÈMIE des Sciences & l’Encyclopédie, ont donné des Traités sur les Arts. La première a même publié celui de la Peinture sur verre. Mais il nous en manquoit un sur la Peinture au pastel. On en trouve même d’éclaircissemens nulle part sur cette matière.

 De leur côté, les marchands de couleurs font beaucoup de mystère de la composition des pastels, ou plutôt il n’y a dans Paris que deux ou trois personnes qui sachant en composer, encore n’employent elles, sans s’en douter, que des expédiens au lieu de moyens, & des matières brutes au lieu de substances purifiées.

 Un traité sur cet objet, absolument neuf, étoit donc un ouvrage nécessaire.

 Or c’est le méchanisme & le matériel de ce genre de Peinture qu’on c’est proposé de développer dans celui-ci. L’on a tâché, sans rien prendre sur des occupations d’un autre ordre, de multiplier les ressources & de fournir tous les éclaircissemens convenables sur cette matière.

 Ce traité contient de plus, à l’usage de la Peinture à l’huile, des observations importantes. On sait qu’avec le tems elle perd sa fraîcheur, devient farineuse, pousse au noir. Il en indique le principe & la cause physique, avec les moyens de prévenir cet inconvénient, dont on est affligé de voir les ouvrages des plus grands Maîtres se ressentir. C’est un objet capital sur lequel nous n’avions non plus aucun éclaircissement.

 D’ailleurs il feroit connoître de meilleurs substances que celles auxquelles on se plaint d’être réduit, & c’est en appliquant à la Peinture les expériences de la Chymie, qu’il a rempli ces différentes vues. Il étoit tems qu’on tournât ces sortes d’expériences vers le plus aimable des arts.

Il indiquera pareillement divers moyens de fixer le pastel, même en grand, de sorte qu’avec cette méthode en pourra faire usage de ce genre de Peinture dans tous les endroits où le jour n’est pas favorable à la Peinture à l’huile, & ce moyen vaut mieux que celui de la détrempe & de la fresque, par les avantages propres à la Peinture au pastel. C’est de pouvoir se retoucher & se finir autant que l’on veut.

Enfin, quoique cet ouvrage ne paroisse avoir pour objet que le matériel de la Peinture, il renferme une foule d’observations utiles sur l’Art en lui-même, où plutôt il contient un précis, un ensemble de principes. Ce sujet-ci n’est pas neuf sans-doute comme les précédens ; mais il n’étoit pas épuisé, l’on peut dire encore sur cette matière des choses importantes, ouvrir même des vues nouvelles. Au reste, on a toujours mis l’exemple à côté du précepte, & l’on s’est attaché sur-tout à montrer l’Ecole Françoise dans son véritable jour.

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