ARTICLE VI
Des crayons violets
Mettez sur le feu deux pintes d’eau filtrées. Il faut que le pot soit assez grand pour n’être plein qu’aux trois quarts. Jettez dedans une petite poignée de bois de Fernambouc en poudre avec moins d’écorces tirées de jeunes branches de bouleau. Faites bouillir une demi-heure, & passez au travers d’un linge. Remettez la décoction devant le feu. Joignez-y gros comme une noix d’alun de Rome, avec le double de couperose blanche, l’un & l’autre en petits morceaux. Après quelques intans, ôtez le pôt du feu. Jettez-y du sel de tartre rouge ou blanc, mais en poudre & d’une mesure à-peu-près égale à celle de la couperose & de l’alun. Filtrez de la même manière qu’on filtre le petit lait. Couvrez le filtre pour le garantir de la poussière. Quand l’eau sera passée au travers du filtre, versez dessus, à côté de la fécule, de l’eau chaude pour dissoudre les sels. On ne doit pas craindre d’employer trop de lavage. Le peu de matière colorante qu’il emporte & qui n’étoit pas fixée, n’auroit servi qu’à rendre cette laque moins solide. Elle seroit plus violette, approchant de la couleur de la pensée, en la composant de la même manière avec partie à-peu-près égale de bois de Campêche & de Fernambouc, l’un & l’autre en poudre. Elle sera plus cramoisie au contraire, & tirant sur la couleur du rubis ou de l’amaranthe, si l’on supprime le Campêche & qu’on substitue à la couperose blanche, l’équivalent d’une dissolution d’étain dans l’eau régale, (n° 93).
Nous avons parlé ci-dessus, n°125, du pourpre de Cassius.